C’est avec une profonde stupéfaction et consternation que nous apprenions, ce mardi 19 novembre 2024, que le mausolée du premier Premier Ministre congolais, Patrice Emery Lumumba a été vandalisé et le cercueil retrouvé par terre. Cet acte de profanation intervient deux ans après la restitution de sa dépouille à la République Démocratique du Congo par la Belgique, mise en cause dans l’assassinat politique de Patrice Lumumba, Maurice Mpolo et Joseph Okito, le 17 janvier 1961.
En tant qu’organisations militantes, nous condamnons vivement cet acte odieux et demandons au Gouvernement congolais de tout mettre en œuvre afin de s’assurer que pareille chose ne puisse plus jamais se reproduire.
Ce mausolée et particulièrement la dépouille du Premier Ministre constituent des symboles de la nécessité d’une mémoire nationale congolaise forte, d’une recherche constante de vérité et de justice autour de son assassinat et celui de ses camarades. La restitution de la dépouille de Patrice Lumumba et l’inscription de ce dernier dans l’espace public congolais sont le résultat de décennies de résistances et mobilisations contre le projet funeste des puissances coloniales de faire disparaître physiquement et symboliquement Patrice Lumumba de la mémoire collective.
En effet, après la publication en 1999 du livre de Ludo de Witte “L’assassinat de Lumumba”, la détermination de nombreuses associations afrodescendantes et congolaises finira par forcer en 2022 la restitution, par l’Etat belge à l’Etat congolais avec les honneurs dûs à son rang, de la relique de Patrice Lumumba. La préservation du mausolée du Héros National est donc essentielle, et ce d’autant plus que le procès contre l’Etat belge pour cet assassinat est toujours pendant.
Au-delà des mesures pratiques, c’est une véritable prise de conscience nationale qui est nécessaire. Une mémoire nationale forte construite et entretenue tant par la présence de symboles dans l’espace public qu’à travers l’éducation et la culture populaire : manuels scolaires, littérature, art, etc. C’est ainsi que nous pouvons honorer véritablement l’héritage politique de Patrice Lumumba et transmettre aux générations futures les valeurs et idéaux qu’il incarne. Une action cohérente et coordonnée des autorités congolaises est donc nécessaire pour préserver cet héritage comme outil politique face à la crise prolongée que connaît le Congo depuis son indépendance nominale et plus largement le continent africain.
En conclusion, la profanation du mausolée de Patrice Lumumba ne doit pas être vue comme une simple attaque contre un monument ou un cercueil mais comme un appel à renforcer la mémoire nationale congolaise. C’est en cultivant une conscience historique forte et en protégeant nos symboles que nous pourrons continuer à faire vivre l’esprit de Lumumba et à lutter pour notre dignité, la justice et la vérité. Au demeurant, cette profanation ne taira jamais la voix de Lumumba, ni ses messages, ni son visage, ni ses combats !
“Sans dignité il n’y a pas de liberté. Sans justice il n’y a pas de dignité. Et sans indépendance, il n’y a pas d’hommes libres.” – Patrice Emery Lumumba
Collectif Ekolo Ekolo – Mémoire & Héritage (République Démocratique du Congo)
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